domingo, agosto 27, 2006

Catrastrofe Ecológica

Catastrophe écologique majeureLa marée noire envahit la côte libanaise
Au drame humanitaire du Liban, s’ajoute une ca-tastrophe écologique qui menace toute la Méditerrannée. Les bombardements, par l’aviation israé-lienne, des réservoirs de carburants de la centrale électrique de Jiyeh, ont provoqué une marée noire qui risque de s’étendre à plusieurs pays riverains et de détériorer un peu plus l’écosystème déjà fra-gile du bassin méditerranéen, 10 à 15 mille tonnes de brut s’étant déversées dans la mer.
Jusqu’à présent, la marée noire ne touche que le tiers de la côte libanaise, soit 70 des 220 km du littoral. Cependant, de Damour à Ramlet el-Baïda, Jounieh, Tabarja, Jbeil, Batroun, Chekka et jusqu’à Tripoli et el-Abdeh, toutes les plages ont été souillées. Sentant fort le fuel, qui atteint par endroits 40 cm d’épaisseur, la nappe noire et gluante s’incruste sur les rochers, colle au sable, aux cailloux et aux coques des barques des pêcheurs. Mais au-delà de cet aspect esthétique, ses répercussions sur la santé et la faune et la flore marines sont des plus graves.
Le ministère de l’Environnement s’active…Mobilisé dès les premiers jours, le ministère de l’Environnement a multiplié les contacts avec les organismes internationaux, tel l’UNEP (Programme des Nations unies pour l’Environnement), ainsi qu’avec plusieurs pays dont la Norvège, la Jordanie et le Koweït, ce dernier ayant dû faire face à une marée noire lors de la guerre du Golfe. Mais, en raison de l’offensive israélienne conti-nue, son action a été largement ralentie. Ce n’est que le week-end passé que les équipements, envoyés par le Koweït et bloqués en Syrie pendant des jours, sont parvenus à leur destination finale.
A 42 km au nord de Beyrouth, le port phénicien de Byblos, souillé par la nappe noire.

70km du littoral libanais sont touchés.
Parallèlement et en attendant que la situation sécuritaire s’améliore, le ministère de l’Environnement essaie de dresser un plan général, sorte de premier bilan estimatif de la situation, afin de détermi-ner le coût du traitement, de définir ses besoins en matière d’équipements et d’aide technique. Ainsi concernant les opérations de nettoyage, Mme Ghada Mitri, chargée de communication auprès du ministère de l’Environnement, affirme que le ministère procède, actuellement, à l’étude des deux rapports remis en début de semaine par les deux sociétés libanaises ayant recensé les dégâts et nettoyé en deux points touchés, l’un rocheux “Sporting club” à Beyrouth et un autre sablonneux, en l’occurrence, la côte de “Hiri” à Chekka.“Tenant compte de la différence de la nature des zones côtières (marina, sablonneuse, rocheuse..) et, par conséquent, de la différence des techniques de traitement, nous avons exigé ce double essai, explique-t-elle. Cependant, les résultats sont mitigés. Le nettoyage du littoral au niveau de Hiri se révélant beaucoup plus efficace qu’à Beyrouth.”
Les tortues, les crabes et les petits poissons sont des espèces menacées d’extinction.

Fragile, notre côte souffrira longtemps des répercussions.
Coût de l’opérationPour ce qui est des frais des opérations, Mme Mitri assure que le coût du nettoyage s’élèvera à plus de 30 millions d’euros, la priorité étant accordée, d’abord, aux ports de pêche; puis, aux stations balnéaires. A l’heure où l’on compare l’ampleur du désastre à celui provoqué par le pétrolier “Erika” en 1999 au large de la Bretagne, Mme Mitri assure: “Les dégâts au Liban sont dramatiques, surtout que 4.000 tonnes n’ont pas encore été repérées. D’autre part, l’expansion de la nappe reste tributaire du courant maritime et du vent. Certaines régions sont déjà touchées comme le sud de la Syrie”.Ecologiste, membre de l’Association “Bahr Loubnan” et président du syndicat des plongeurs professionnels, M. Mohamed el-Sarji, plaide pour un nettoyage rapide et immé-diat, afin de circonvenir les dégâts et d’empêcher la nappe de s’étendre à tout le bassin.
Stopper le fuel à Jiyeh“L’idéal, dit-il, serait d’éteindre, d’abord, le feu à Jiyeh et de stopper net le déversement du fuel dans l’eau. Ensuite, de faire pression pour permettre aux experts et aux aides internationaux de regagner le Liban pour commencer le netto-yage. Le Liban, renchérit-il, n’est doté ni des équipements ni des techniques indispensables, sans oublier que les traitements coûtent des sommes faramineuses… En 2003, à Chekka on a dû faire face à une nappe de 50 tonnes de fuel, mais là, il s’agit d’un véritable désastre. Il faut que la nappe soit interceptée par des barres flottantes au plus vite avant de se répandre, surtout que la Méditerranée est une mer particulièrement fragile, précisément dans sa partie orientale.”Pour ce qui est de la vie marine, M. el-Sarji, affirme que la nappe, moins dense que l’eau, flotte à la surface. Aussi, son impact sur les profondeurs restera-t-il li-mité. Toutefois, elle affectera des années durant et de manière irréversible, l’environnement marin de plusieurs espèces, à commencer par l’extinction des tortues et des crabes qui vivent sur les plages de sable et dont la saison de pondaison coïncide avec cette période.Les petits poissons qui choisissent les poches rocheuses pour mettre leurs œufs seront, également, touchés. Indirectement c’est, aussi, la pêche, gagne-pain de milliers de pêcheurs, qui s’en trouve affectée.
M.A.-K.
Article paru dans "La Revue du Liban" N° 4065 Du 5 Au 12 Août 2006

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